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HISTOIRE, PATRIMOINE , CULTURE , THEATRE...

21 Feb

Les 100 ans de Verdun : témoignages

Publié par OLIVIER RACAUD

"C’est un petit paquet de feuilles jaunies par le temps, qui sommeille aujourd’hui dans le tiroir d’une vieille commode. Une vingtaine de pages noircies d’une écriture fine, qui racontent l’une des semaines les plus sanglantes de l’histoire de France. Un récit clinique, celui des tout premiers jours de la bataille de Verdun, tels que les a vécu un jeune homme de 23 ans que rien ne prédestinait à ce rôle de chroniqueur.

Il s’appelait René Prieur. Né le 10 août 1891, ce fils d’un professeur d’histoire enseignant au lycée Charlemagne, à Paris, fait partie des quelque trois millions et demi de jeunes Français qui ont répondu à l’ordre de mobilisation générale en août 1914. Etudiant en médecine au moment de la déclaration de guerre, cela fait maintenant huit mois qu’il se trouve dans le secteur de Verdun quand, à l’aube du lundi 21 février 1916, les Allemands déclenchent l’opération Gericht, début de ce qu’on appellera plus tard la bataille de Verdun.

Quand commence l’offensive, ce matin-là, René Prieur, lui, est au bois des Fosses, près de Louvemont. Situé à une dizaine de kilomètres au nord de Verdun et à peu près autant des batteries allemandes, ce petit village abrite l’un des postes de secours que le 29e régiment d’infanterie territoriale a installé près de la ligne de front pour recueillir et soigner les blessés. A la tête d’un petit groupe d’infirmiers, il a notamment pour mission de tenir un registre précis de ce qui se passe dans son secteur. Une tâche dont il s’acquitte dès le premier soir de l’offensive, en commençant par dresser la liste des blessés de la journée avant de résumer en quelques lignes ces premières heures de la bataille :

« Pour René Prieur, la nuit du 21 au 22 février sera courte. Une heure de sommeil à peine puis le bombardement à nouveau, un bombardement « plus intense » que la veille et qui place maintenant Louvemont sous le feu direct de l’ennemi – le petit village, entièrement ravagé dans les jours et les semaines qui suivent, ne sera jamais reconstruit. En ce deuxième jour de bataille, le jeune médecin raconte : « L’abri de droite en sortant du poste a été détruit par un 305 pendant que j’aidais l’infirmier Mathiot du 165e à arrêter une hémorragie d’un blessé atteint à la cuisse. Le poste était encombré. Plusieurs morts gisaient à l’entrée, dont trois à genoux, le sac encore au dos. Plusieurs blessés ont été tués par le 305 et à côté de moi. »

"...Aujourd’hui, j’ai dû faire de nombreux pansements, diriger les brancardiers et choisir les chemins les moins exposés pour aller ramasser les blessés, installer un 2e poste de secours, à droite de celui où j’étais établi pour abriter tous les blessés. Nous avons reçu beaucoup de gaz lacrymogènes, le bombardement ne cesse pas et les nouvelles les plus invraisemblables circulent. »

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